Objectifs de la formation |
Comment gérer les erreurs médicales dans sa pratique ? Cette question est une préoccupation croissante pour la profession, notamment chez les jeunes vétérinaires.
La judiciarisation de la société averse au risque et l'évolution de la relation de l'homme à l'animal augmentent les exigences des clients envers leurs vétérinaires. Alors que la médecine n'a cessé de progresser et de se complexifier, les erreurs sont de moins en moins tolérées par le public mais également par les vétérinaires eux-mêmes.
Différents rapports soulignent en effet l'importance de la peur de l'erreur sur la santé psychologique et la qualité de vie au travail, contribuant au burn-out voire à la reconversion professionnelle. Gérer les erreurs est donc un double enjeu pour la profession : sécuriser les soins et exercer plus sereinement.
Dans ce cadre, les promoteurs souhaitent proposer une formation afin de conférer des clés pour gérer plus sereinement les erreurs dans sa pratique clinique. L'objectif principal est de parcourir les principales notions propres à la discipline de sécurité des soins, en adoptant une approche pratique afin que les participants puissent repartir avec des outils et méthodes applicables à leur contexte particulier.
L'ensemble des notions enseignées sont étayées par des recherches scientifiques mêlant ergonomie cognitive, gestion des risques, sciences de gestion, facteurs organisationnels et humains, et psychologie du travail.
Afin d'engager les participants et stimuler l'assimilation des notions, la pédagogie active est au coeur de la construction de la formation. Des exemples réels et concrets, des analogies avec la médecine vétérinaire et des mises en situation sont introduits tout au long de la formation pour faciliter la compréhension théorique des notions d'ergonomie. |
Résumé |
9h – 9h45 : Briser la glace
Douter de ses compétences à la suite d’une erreur jugée “bête”, être traumatisé par un bashing sur internet, ne pas arriver à rassurer son jeune salarié dépassé par son stress à l’idée de mal-faire, avoir été marqué par le jugement porté par ses collègues, s’adonner à une quête irréaliste de performance absolue… Le mot “erreur” résonne différemment pour chaque vétérinaire en fonction de son expérience et de ses mécanismes d’adaptation développés avec le temps.
Ouvrir la session en invitant chacun à témoigner de son expérience et sa vision permet d’enclencher le dialogue en créer un espace bienveillant et ouvert. C’est l’occasion de faire émerger les différentes notions qui seront abordées dans la suite de la formation.
Déroulé et outils
Instauration du cadre de la journée (bienveillance, confidentialité, non jugement).
Présentation de chaque participant.
Témoignages autour de l’expérience et la place de l’erreur dans leur pratique actuelle.
Positionnement sur l’arbre d’Ostende.
Réflexion sur les points communs et différences entre les témoignages recueillis.
9h45 – 10h45 : Mieux-vivre l’erreur
Les erreurs sont généralement vécues comme un échec. La culpabilité ressentie, du fait de notre responsabilité envers l’animal et son propriétaire, interdit souvent le vétérinaire à se soucier de son propre vécu. Pourtant, il est la seconde victime de son erreur, comme l’ont confirmé de multiples recherches.
Comprendre les différents facteurs qui influencent le soignant dans son vécu est primordial pour savoir comment appréhender plus sereinement nos erreurs, et accompagner ses collègues lors d’événement indésirable.
Déroulé et outils
Réflexion autour de la notion de seconde victime : échanges sur la facilité de chacun à se reconnaître légitime de prendre soin de soi-même, état de l’art sur l’impact de l’erreur sur le soignant et importance du phénomène dans la profession.
Généraliser les facteurs qui influencent le vécu à partir des expériences de chaque participant : les facteurs intrinsèque à l’erreur, les facteurs autour de l’erreur (réactions des autres, circonstances, …), les différentes stratégies d’ajustement.
Agir pour mieux vivre les erreurs : le pouvoir individuel (gestion des émotions, pratique réflexive, oser parler), le pouvoir du collectif (libérer la parole, débriefer avec ses pairs, agir en premier secours émotionnel).
10h45 – 11h : Pause
11h – 12h30 : Lutter contre la peur de l’erreur
En dépit de tout événement indésirable, les vétérinaires animés par le souci de bien faire peuvent craindre les erreurs en se mettant une les épaules une pression de performance irréaliste. C’est notamment ce qui a été décrit dans plusieurs enquêtes récentes sur la santé psychologique, et la qualité de vie au travail, notamment chez les plus jeunes générations. En réalité, cette peur de l’erreur en recouvre plusieurs : de ne pas être à la hauteur, d’être jugé par son équipe, des réactions des clients, des plaintes judiciaires...
Comprendre les mécanismes sous-jacents de la peur de l’erreur permet de mieux se comprendre et/ou comprendre ses collègues en difficulté, et donc, en conséquence, d’identifier les leviers d’actions pour restaurer la confiance et vaincre cette peur.
Contenu
Distinguer les peurs qui se cachent derrière « la peur de l’erreur ».
Oser exprimer ses peurs : expression par chaque participant.
Savoir écouter et mentorer, y compris en se montrant faillible.
Instaurer une culture juste au sein des équipes : saisir son importance, identifier les piliers, détecter les freins et menaces potentiels à son instauration.
Intégrer l’importance de la préparation pour éviter d’être déstabilisé lors d’événement. indésirable : exercice de simulation à travers l’annonce d’un événement indésirable à un client
Comprendre pour agir et se concentrer sur l’amélioration continue : transition avec l’après-midi.
12h30 – 14h :Repas
14h – 16h30 : Décortiquer les erreurs pour agir
Les erreurs ont toujours été abordées dans la profession, mais essentiellement sur le plan technico-juridique. Depuis quelques années, elles font l’objet d’une nouvelle approche : les facteurs humains et organisationnels. Les recherches dans cette discipline ont démontré que la majorité des erreurs ne sont pas dues à un manque de compétences techniques ou d’expérience, mais simplement à des défaillances humaines et systémiques. S’il est compliqué, voire impossible, de lutter contre les biais cognitifs de notre cerveau, il est au contraire possible de limiter les facteurs favorisant l’occurrence d’erreur et de concevoir des barrières adaptées aux risques de notre pratique.
L’objectif de ce module est donc de lever les idées reçues sur les erreurs pour s’approprier les concepts d’ergonomie cognitive expliquant le mécanisme universel des erreurs. Ces derniers permettent d’identifier les leviers d’action pour sécuriser les soins.
Contenu
Connaître l’évolution d’approche sur l’erreur : exercice en petit groupe de définitions de mots valises permettant de prendre conscience de leur polysémie, bref récit de l’histoire de la sécurité, définitions principales.
Comprendre l’erreur humaine à la lumière des neurosciences : les 2 vitesses de notre cerveau, les biais cognitifs à l’oeuvre, la conscience de la situation, un exercice de mise en situation et un exercice d’application à des erreurs vécues par les participants.
Appréhender les conditions latentes : compréhension du modèle de James Reason, exploration à travers des exemples du quotidien, identification des leviers d’actions pour les limiter : prébriefing, adaptation personnelle et de l’environnement.
Identifier les différents niveaux de défense : concevoir des barrières sûres, exercice d’application à des situations du quotidien, outils éprouvés à mettre en oeuvre dans sa pratique.
Pouvoir conduire un retour d’expérience à la suite d’un événement indésirable.
16h30 – 16h45 : Pause
16h45 – 17h30 : Limiter les risques associés aux violations
Les violations sont encore plus taboues que les erreurs puisqu’elles correspondent à des déviations volontaires. Pourtant, elles ne sont pas faites pour nuire et sont une réalité du quotidien, surtout en rurale où l’on est seul, dans des conditions d’hygiène indépendantes de notre volonté. Comment limiter les événements indésirables liés à ces violations ?
L’objectif de ce module est de sortir du regard binaire trop souvent porté sur les violations (fatalisme/jugement moral) pour en comprendre les raisons, et donc les moyens d’agir.
Contenu
Identifier les causes des violations à travers l’expérience personnelle de chacun.
Comprendre les risques liés à la spirale de la déviance.
Se saisir des outils pour évaluer sa pratique et rompre la spirale de la déviance : illustration à travers les expériences individuelles.
17h30 – 18h : Conclusion & enclenchement du changement
Comment mettre en place les apprentissages acquis au cours de cette journée dans sa clinique ? Comme tout essai de changement, la volonté peut se heurter en pratique à des freins qui finissent par décourager, et finalement, par réduire l’initiative à peau de chagrin. Pour éviter cela, il est essentiel de comprendre les principes de la conduite du changement et connaître les clés de succès.
Cette dernière demi-heure a donc pour objectif de pousser les participants à amorcer le changement en ébauchant un plan d’action, ou du moins d’identifier les pistes de travail souhaitées et de définir les indicateurs pertinents.
Contenu
Les principes clés de la conduite du changement : le partage d’une vision commune, l’engagement du collectif, les objectifs SMART, l’allocation de temps et la roue PDCA.
Identification d’une piste de travail par participant adapté à sa pratique, des freins éventuels et ébauche d’un plan d’action.
|